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28 novembre 2013

Montpellier-III : le CA confirme la fermeture de Béziers

Dans le cadre de son débat d'orientation budgétaire, le conseil d'administration de l'université Montpellier-III vote le principe d'un budget 2014 en « déficit raisonnable » (entre 800 000 et un million d'euros), indique Anne Fraïsse, sa présidente, à AEF, mardi 19 novembre 2013. Le CA confirme également son intention de fermer l'antenne de Béziers, tel qu'annoncé lors des orientations budgétaires votées en septembre. Il souhaite aussi limiter la capacité d'accueil dans six filières de L1 (1). Dans l'après-midi, Geneviève Fioraso rappelle son opposition à la fermeture de Béziers. « La main est tendue à l'université de Montpellier. À l'université de la saisir », déclare-t-elle tout en estimant qu'Anne Fraïsse « a toutes les cartes en mains pour proposer un budget 2014 qui doit simplement stabiliser ses dépenses, sans recourir à des mesures radicales ».

 

Un budget 2014 en déficit, une baisse du fonds de roulement au seuil minimal de 15 jours (au lieu des 44 jours de réserve dont elle disposait en septembre 2013), une baisse des dépenses de fonctionnement de 10 %, un gel de onze postes et le redéploiement de cinq autres, la limitation de certaines capacités d'accueil en L1, la fermeture du site de Béziers : le conseil d'administration de l'université Montpellier-III Paul-Valéry du 19 novembre 2013 confirme les mesures budgétaires déjà annoncées lors d'un CA de septembre pour combler le déficit de l'établissement. « Nous en sommes au cinquième audit et tous disent la même chose : nous gérons bien l'université », assure Anne Fraïsse. Un nouvel audit de l'IGAENR sera conduit par Éric Pimmel de décembre 2013 à mars 2014. Le vote du budget 2014 est prévu lors du conseil d'administration du 18 décembre 2013.

Opposés aux décisions prises par le CA, des étudiants ont bloqué le conseil dans les locaux de l'administration jusqu'en milieu d'après-midi. Une AG réunissant 400 étudiants a également voté le blocage de l'université mercredi 20 novembre. Ce blocage, qualifié d'« agression », est dénoncé « avec la plus extrême fermeté » par Anne Fraïsse, dans un mail envoyé au personnel et dont AEF a eu copie. Les « mensonges [de Geneviève Fioraso], l'absence de réponse sérieuse aux préoccupations légitimes de l'université ont radicalisé l'action des étudiants qui ont bloqué le bâtiment administratif et séquestré les membres du conseil d'administration et les personnels présents », écrit-elle.

LA « MAIN TENDUE » DU MESR

De son côté, Geneviève Fioraso estime qu'Anne Fraïsse « a toutes les cartes en mains pour proposer un budget 2014 qui doit simplement stabiliser ses dépenses, sans recourir à des mesures radicales ». « La main est tendue à l'université de Montpellier. À l'université de la saisir. » À l'occasion d'une réponse à une question orale posée par le député UMP de l'Hérault, Elie Aboud le 19 novembre 2013 à l'Assemblée nationale, la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche évoque différentes pistes pour résorber le déficit de Montpellier-III. L'université « peut compter sur les créations d'emplois sur toute la période 2014-2017 pris sur le contingent des 1 000 emplois attribués chaque année », déclare la ministre. Selon Anne Fraïsse, l'université recevrait huit postes en 2014 dans ce cadre, postes qui seraient aussitôt gelés précise la présidente. Geneviève Fioraso conseille également à l'établissement de « modérer l'évolution de sa masse salariale ». La ministre rappelle que l'université peut « compter sur la procédure d'accompagnement du ministère, qui a bien fonctionné pour d'autres universités dont la situation semblait plus préoccupante que celle de l'université Paul-Valéry ».

S'appuyant sur l'audit de l'IGAENR mené en octobre 2013 (AEF n°189510), Geneviève Fioraso considère que Montpellier-III « n'est pas sous-dotée au regard des universités comparables », que sa situation financière reste « solide ». Cependant, l'audit constate que la situation pourrait se détériorer à compter de 2014 sous l'effet d'une « croissance trop rapide de la masse salariale : +5 % par an depuis trois ans, sous l'effet des décisions de l'université ». Il constate également que le travail de « mutualisation n'a pas été fait au niveau des masters, malgré la baisse des effectifs ». La ministre rappelle aussi à cette occasion qu'elle est opposée à la fermeture de l'antenne de Béziers qui reviendrait à « faire peser de nouveau les efforts de rationalisation sur la seule licence » et sur « les étudiants les plus modestes ».

« MÉPRIS » ET « MENSONGES » RÉPOND ANNE FRAÏSSE

« La ministre ne souhaite pas soutenir Béziers, ni UM3, ni d'ailleurs les LLASHS pour lesquelles elle continue d'afficher le plus grand mépris », écrit Anne Fraïsse au personnel de l'UM3. « Elle persiste dans sa gestion clientéliste de l'ESR maquillant par des mensonges, y compris devant l'Assemblée nationale, sa décision de ne rien faire pour sauver Béziers. Elle prétend que 'la main est tendue' mais son cabinet (car elle refuse toute discussion directe) ne veut pas mettre de postes sur Béziers au titre de la politique de site, propose de supprimer les L3 et de fermer les masters sur Béziers, cherche à mettre d'autres formations (droit, BTS, IUT) à Béziers et annonce un nouvel audit dont les conclusions seront rendues en mars alors que le budget doit être voté en décembre. »

« La ministre accumule les mensonges », réagit Anne Fraïsse en reprenant un par un l'argumentaire développé par Geneviève Fioraso dans sa réponse sur la pérennité du site de Béziers. « Nos masters sont mutualisés à 38 % en M1, soit plus qu'en licence (36 % en L3). Quelle université a autant mutualisé en master ? Je ne crois pas que nous puissions encore optimiser les masters. La ministre ne nous donne pas de solution, sauf de donner de l'argent des masters aux licences. Nous donnons déjà beaucoup aux licences, beaucoup plus qu'aux masters. »

Anne Fraïsse récuse également l'argument de Geneviève Fioraso avançant que Montpellier-III a transformé des emplois de maîtres de conférences en emplois de professeurs pour plus d'1,5 million d'euros par an. « C'est faux », répond la présidente de l'université. Et quand la ministre évoque une augmentation des heures complémentaires de plus d'un million d'euros, Anne Fraïsse rétorque que cette situation est due au passage à la licence à 1 500 heures. « La ministre nous fait porter les conséquences de sa réforme et de sa politique. Quand on veut tuer son chien, on dit qu'il a la rage », ajoute-t-elle. « C'est son attitude qui va fermer Béziers », conclut-elle.

Les six filières de L1 faisant l'objet d'une limitation de leur capacité d'accueil sont :
- cinéma (450 étudiants à la rentrée 2014 contre 609 en 2013) ;
- théâtre (135 étudiants à la rentrée 2014 contre 163 en 2013) ;
- arts plastiques (250 étudiants à la rentrée 2014 contre 291 en 2013) ;
- AES (424 étudiants à la rentrée 2014 contre 450 en 2013) ;
- information-communication (405 étudiants à la rentrée 2014 contre 484 en 2013) ;
- psychologie (940 étudiants à la rentrée 2014 contre 945 en 2013).
« Tous les étudiants de l'académie de Montpellier seront accueillis ainsi que les premiers voeux des autres académies », certifie Anne Fraïsse.
Le CA du 19 novembre 2013 s'est prononcé par 14 voix pour et six contre.

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